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– Bonnes nouvelles. Maître Lowbacca souhaite vous informer que le Tachyon sera prêt au lancement avant même que vous n’attaquiez la reine.
Epouvantés à l’idée que la voix aiguë de M-TD ne retentisse sur les parois inclinées, poussiéreuses et couvertes de ronces qui entouraient le laboratoire, Anakin et les autres tâtonnèrent à la recherche de leurs oreillettes. Ils étaient en train d’observer le centre de clonage à une distance de cent mètres environ. L’air, dans cette section du vaisseau-monde, était si peu en mouvement que le moindre son pouvait porter.
– Il est en train d’insérer le noyau du réacteur au moment où je vous parle, reprit M-TD. Nous allons rentrer chez nous, vous entendez, Maître Anakin ? Nous allons survivre, après tout…
– Affirmatif. (La voix d’Anakin ne fut qu’un murmure. Quelques instants plus tôt, Jacen avait perçu un seul et unique voxyn dans les environs. Il y avait fort à parier qu’ils avaient enfin trouvé la reine. Tout ce qui leur restait à faire, c’était de la tuer avant que les Yuuzhan Vong ne soient avertis de leur présence.) Maintiens le silence radio, maintenant.
– Le silence radio ? (La voix de M-TD était beaucoup plus calme.) Est-ce que ça veut dire que vous avez atteint…
La question fut brutalement interrompue lorsque le droïde fut mis hors circuit. Lowbacca leur adressa un signal d’un seul cliquetis de son comlink. Anakin répondit d’un double clic et continua son inspection. L’espèce de matrice en forme de cône se trouvait au centre d’un immense bassin. Puisque les laborantins avaient été obligés de modifier l’orientation du vaisseau-monde, il devait certainement s’agir au départ d’une grande salle voûtée. Comme les membres du commando s’en étaient rendus compte depuis l’autre côté du spatioport, le sommet de l’immense structure crevait la paroi extérieure du vaisseau. Au vu du nombre impressionnant de réparations pratiquées dans la membrane du plafond, elle devait également servir de colonne de soutènement.
Impossible de deviner si Nom Anor savait que cet endroit était l’objectif que visaient ses proies. Anakin sentit cependant une sorte d’urgence dans la Force. Le commando était parvenu à sortir du quartier des voxyns sauvages depuis plus d’une heure et l’Exécuteur avait dû certainement finir par remarquer que son gibier lui avait échappé. Considérant qu’il connaissait certainement les raccourcis à bord du vaisseau, pouvait-il déjà être en train de les attendre à l’intérieur de la matrice ? Quelqu’un devait bien pouvoir aider Anakin à répondre à cette question, mais qui ? Alema ? Tahiri ? Toutes deux avaient l’expérience des bases Yuuzhan Vong, mais leurs connaissances de ce complexe n’étaient guère plus avancées que celles des autres membres de l’équipe. Il secoua la tête. Il y avait bien quelqu’un d’autre, mais Anakin avait beau se triturer la cervelle, il n’arrivait pas à se souvenir…
A bord du Tachyon – un petit cargo hors d’âge mais parfaitement utilisable, de type YV-888, construit par la Corporation d’Ingénierie Corellienne –, Lowbacca resserra le dernier boulon du bouclier de blindage et procéda à des tests préliminaires. Le panneau d’instrumentation s’anima d’une ribambelle de témoins lumineux pendant que le cerveau du réacteur vérifiait ses propres circuits. Enfin, une vapeur verte commença à s’élever au travers du petit hublot d’observation de la porte blindée. Ne constatant aucune fuite au niveau des joints du bouclier, le Wookiee enclencha une vérification des taux de pression, glissa son hydropince dans sa ceinture d’outils et retourna vers le pont pour s’assurer de l’état de santé de son patient. Tekli lui avait assuré que la dose de tranquillisant pouvait endormir même le plus tenace des Jedi, qu’il continuerait même de dormir longtemps après le retour des autres membres de l’équipe. Mais Lowbacca préférait s’en assurer. Il avait déjà été obligé d’attacher Raynar avec un harnais de vol après que le Chevalier Jedi, pris de fièvres, se fut blessé les poignets sur le garde-corps de sa couchette.
Lowbacca passa devant le sas étanche et entendit quelque chose cogner contre la coque extérieure. Il se rendit jusqu’au panneau des systèmes de sécurité et activa le moniteur de surveillance extérieure. L’objectif de la caméra vidéo était tellement couvert de poussière qu’il ne parvint à distinguer que la vague silhouette d’un humain vêtu d’une combinaison pressurisée, frappant le duracier avec la crosse de son mini-canon. Il activa son comlink pour demander ce qui n’allait pas puis se rappela qu’Anakin avait ordonné le silence radio. Il franchit donc le sas, enfila sa propre combinaison et court-circuita deux câbles pour enclencher le processus de dépressurisation.
Lorsque le panneau extérieur s’ouvrit enfin, il perçut une perturbation dangereuse et décrocha son sabre laser de sa ceinture. La porte s’ouvrit et la voix de Lomi Plo retentit dans ses écouteurs :
– J’ai plus besoin de ça. (Elle lança le petit canon blaster, obligeant Lowbacca à le rattraper au vol.) Viens avec moi. Les balafrés ont coincé tes amis.
Elle tourna les talons et commença à descendre la rampe, décrochant dans le mouvement son propre blaster T-21 à répétition qu’elle portait à la ceinture. Lowbacca s’arrêta le temps de raccrocher son sabre laser à son harnais et se lança après elle.
Le Wookiee venait d’atteindre le bas de la passerelle lorsqu’il perçut une autre présence humaine derrière lui, rôdant dans l’ombre du Tachyon. Relevant instinctivement le mini-canon, il fit volte-face et vit Welk apparaître de derrière l’un des trains d’atterrissage de l’appareil, un pistolet blaster pointé vers sa poitrine. Comprenant immédiatement qu’il avait été trahi par les deux Jedi Noirs, Lowbacca pressa la détente du mini-canon.
La cellule de l’arme ne contenait même plus assez d’énergie pour sonner le signal d’absence de munitions. Frappé par la profondeur de la trahison, Lowbacca baissa son canon, activa son comlink, le régla sur la fréquence de celui de Welk et posa une question résumée à un seul mot.
– Parce que tes amis vont finir par se faire tuer, eux et tous ceux qu’ils ont entraînés, voilà pourquoi, répondit Welk.
Il ouvrit le feu. Lowbacca fut frappé en plein torse par l’onde bleutée d’un rayon paralysant. Le Wookiee poussa un râle douloureux, tomba un genou en terre, invoquant la Force pour tenter de rester conscient. Il jeta le mini-canon vers Welk et décrocha son sabre laser. Il roula sur l’épaule, et se redressa à genou, sa lame de bronze incandescente pointée vers la taille du Jedi Noir.
D’autres rayons paralysants le touchèrent dans le dos.
– Couché, le Wookiee, dit Lomi. Et estime-toi heureux que nous ayons réglé nos armes au minimum de leur puissance.
Anakin avait à peine fini d’exposer son plan qu’un cône de lumière bleue étincela à travers la membrane transparente et rapiécée du plafond. Il releva les yeux pour découvrir la silhouette du Tachyon se découper sur le disque verdâtre de Myrkr. Les tuyères de ses réacteurs virèrent au blanc lorsque les propulseurs ioniques entrèrent en action.
– Lowie ? balbutia-t-il.
Jaina et les autres se ruèrent instantanément sur leurs comlinks, essayant de contacter Lowbacca et de découvrir pourquoi il tentait de s’en aller sans eux. En guise de réponse, ils ne reçurent que des parasites.
– Etrange, dit Tesar Sebatyne. Ce Barabel a toujours cru qu’il n’y avait pas plus loyal qu’un Wookiee.
– Exact, dit Jacen. Et Lowbacca est encore plus loyal que la plupart de ses congénères. Quelque chose ne va pas.
– Effectivement, acquiesça Tenel Ka.
Les membres du commando échangèrent des regards interrogateurs. Anakin essaya de contacter Lowbacca à nouveau. Sans résultat. Jaina décida alors de changer de fréquence pour activer M-TD.
–… votre cible ? dit le droïde, terminant la question qui se trouvait dans ses circuits de synthèse vocale au moment où Lowbacca l’avait débranché. Ciel ! Mais quand avons-nous donc décollé ?
– M-TD ? Qu’est ce que fiche Lowie ? demanda Jacen. Pourquoi il s’en va ?
– S’en aller ? Mais non, Maître Lowbacca ne s’en va pas, il est là avec… (Le droïde laissa sa phrase en suspens avant de pousser un crissement.) Au secours ! On veut me voler !
– Qui ? demanda Anakin. Qui ça ?
– Qui ça ? répéta le droïde. Mais Lomi et…
La réponse se termina par des parasites.
– Welk, dit Zekk, finissant la phrase à sa place, d’une voix dure et chargée de colère. Lomi et Welk…
Dès qu’il entendit les deux noms, Anakin se souvint des Jedi Noirs qui les avaient guidés à travers tout le terrain d’entraînement. Les dernières paroles que Lomi avait prononcées étaient quelque chose du genre « Oubliez que vous nous avez rencontrés ». Le jeune homme avait vu Lomi lever la main et senti la Force appuyer ses propos. Lomi était aussi subtile qu’elle était puissante. Il ne parvenait même plus à se rappeler si son esprit avait essayé de résister à la persuasion.
Ganner n’était peut-être pas le mieux placé pour comprendre ce que la perte du vaisseau signifiait pour Anakin. Mais, encore une fois, il fut le seul, doté de suffisamment de courage, pour lui faire part de ses pensées.
– Anakin, je suis désolé. Lorsque nous avons découvert qu’ils étaient des Jedi Noirs, nous n’aurions jamais dû…
– Bien au contraire, répondit Anakin. (Il fut lui-même surpris par son propre calme, par sa concentration sur la tâche qui leur incombait.) Sans eux, nous ne serions jamais allés aussi loin. Sans eux, j’aurais péri dans l’arène…
– Ne soyons pas fatalistes, insista Tahiri. Nous allons trouver un autre moyen de quitter ce tas de cailloux.
– Chaque chose en son temps, murmura Anakin. (Tekli était toujours en train de lui prodiguer des soins, projetant les ondes de la Force sur sa blessure pour tenter de colmater ses organes déchirés. Il sentait à présent que son énergie était en train de l’abandonner et que la douleur se faisait de plus en plus présente.) Concentrons-nous sur notre mission.
Les traînées bleutées des propulseurs ioniques du Tachyon disparurent à l’horizon. Soudain, un escadron de coraux skippers franchit une membrane du vaisseau-monde et s’élança dans l’espace. Quelques instants plus tard, la silhouette obscure de la frégate de Nom Anor passa dans le ciel, lancée elle aussi à la poursuite du YV-888.
– J’espère que les balafrés vont les rattraper, dit Alema Rar, d’un ton très amer. J’espère qu’ils les jetteront dans une fosse pleine de voxyns !
– Pas moi. (Tenel Ka lui tendit son communicateur. Le petit appareil produisit des parasites, témoignant que les premières boules à plasma venaient de s’écraser contre les boucliers du Tachyon.) Notre ami Raynar est toujours à bord.
Le sentiment de désespoir qui germa dans la poitrine d’Anakin lui parut bien trop familier. Il programma son comlink pour activer celui de Lowbacca à distance. Seul le silence lui répondit.
– Lowie, lui, n’est pas à bord, dit-il. Et si quelqu’un l’avait tué, je suis certain que nous l’aurions senti.
Personne ne répondit quoi que ce soit. Anakin releva les yeux de son comlink et s’aperçut que ses camarades étaient tous tournés vers lui, à l’observer. Il vit des larmes perler dans les regards de Jaina et de Jacen. Tahiri s’essuya les joues d’un revers de sa manche.
– Bon, finissons-en, dit Anakin, souhaitant ne pas se laisser décontenancer. (Il fit un signe à Tekli, lui demandant de cesser ce qu’elle était en train de faire, décrocha le blaster G-9 de son épaule et en déploya la lunette à longue portée.) Jaina, laisse un canal ouvert avec le comlink de Raynar. Peut-être que nous entendrons ce qu’il advient de lui.
Ou peut-être pas, songea le jeune homme. Au combat, il arrivait que les gens disparaissent. Personne ne saurait ce qu’il était advenu d’eux. Leurs amis, leurs familles passeraient le restant de leur existence dans le doute et la tristesse.
Personne ne semblant faire mine de se mettre en mouvement, Anakin déclara :
– Bon, on ne va pas passer la nuit là-dessus…
Se ressaisissant, les membres du commando préparèrent leurs armes et ouvrirent leurs émotions à la Force. En dépit des sentiments de fureur et de culpabilité qui flottaient encore du fait de la trahison des Jedi Noirs, le lien psychique parut plus soudé qu’il ne l’avait été au moment de leur emprisonnement. Anakin s’agenouilla à quelques mètres de l’embouchure du tunnel par lequel ils étaient arrivés et leva son arme vers l’une des sombres silhouettes qui se détachaient en bordure du cône et de sa lisière de ronces. Lorsqu’il sentit que les autres tenaient aussi leurs cibles en joue – deux Jedi pour chaque garde – il ouvrit le feu.
Huit rayons de couleur convergèrent le long de la pente, franchirent le roncier et frappèrent les quatre silhouettes. Aucun rayon ne manqua sa cible. Aucun Jedi ne se serait permis de rater une telle attaque, surtout avec la force pour appuyer son aptitude à viser. Malheureusement, seuls deux rayons furent réellement efficaces. Les six autres rebondirent sur les armures de crabe vonduun des gardes, allant ricocher dans la poussière ou bien crevant les parois de la matrice.
Les gardes survivants se jetèrent à terre et rampèrent pour se mettre à l’abri. La moitié du commando commença à dévaler le long de la pente, ouvrant le feu tout en courant, obligeant les Yuuzhan Vong à rester à couvert, dégageant – à grands coups de blasters T-21 à répétition – une ligne de mire pour les armes plus puissantes maniées par les autres membres du groupe.
Anakin et Jaina tirèrent à nouveau. A cette distance, les rayons de leurs blasters avaient tendance à se dissiper, mais ils parvinrent à tenir les gardes en respect. L’un des soldats succomba au long blaster d’Alema. L’autre fut blessé par le mini-canon de Tesar. Puis achevé au T-21 lorsque le Barabel fut enfin parvenu à la distance requise pour conférer aux rayons leur efficacité habituelle. La seconde vague d’assaut accéléra le pas. En dépit de l’énergie que Tesar partageait avec lui, Anakin ne réussit pas à conserver l’allure. Tahiri, Jaina et le Barabel ralentirent pour rester auprès de lui.
– Allez-y ! Je vous rejoindrai.
– C’est ça, quand les Jawa iront aux bains ! cria Tahiri.
– Anakin, tu n’es pas en condition, dit Jaina. Retourne dans le tunnel où est entreposé le matériel et essaie de retrouver Lowie. Peut-être que tu y trouveras une bonne planque pour tenter une transe curative…
– C’est trop tard pour ça, répondit Anakin. Je vais jusqu’au bout.
– Même si cela signifie mettre la vie des autres en jeu ? demanda Jaina. Si tu es trop lent, tu représentes un danger pour nous tous. Essaie au moins la transe…
Anakin savait que les choses étaient allées trop loin pour croire encore aux vertus de la transe. Il avait tellement soif qu’il aurait bu sa propre sueur. Ses entrailles se remplissaient de sang et son abdomen était dur comme le roc. Le moindre effort pour trouver un lieu suffisamment sûr pour plonger dans la transe aurait raison de lui, de toute façon. Mais la seule pensée de se retrouver en position de mettre la vie des autres en danger l’obligea à marquer une pause. C’était une chose que d’accepter de faire face à l’inévitable, mais une tout autre chose que d’entraîner les autres avec soi. Il chercha conseil dans la Force, s’ouvrant complètement à ses flux et reflux, essayant de deviner la voie qu’il devait emprunter.
Un crissement d’écaillés de voxyns retentit dans sa tête. Il sentit à nouveau ce même respect teinté de crainte qu’il avait éprouvé lorsque, plus tôt dans l’arène, il avait découvert que c’étaient bien les patriciens Yuuzhan Vong qui venaient s’y battre. La Force lui avait parlé à ce moment-là.
– Je viens avec vous, dit-il.
Jaina serra les dents et détourna les yeux.
– Je m’en doutais.
La première vague d’assaut atteignit le périmètre de la matrice et descendit dans un cratère. Les plantes redoutables déployèrent leurs épines et commencèrent à attaquer comme des serpents. Une demi-douzaine de sabres laser s’allumèrent en même temps, tranchant à droite et à gauche dans la végétation mortelle. Les Jedi gagnèrent l’autre versant du cratère, se débarrassant, tout en courant, des ronces encore accrochées à leurs jambes et à leurs cous. Les ronces voulurent attaquer à nouveau dès que la seconde vague plongea dans le cratère. Les attaquants de la première vague laissèrent leurs camarades se débrouiller et continuèrent leur course vers la matrice. Anakin repéra une compagnie de Yuuzhan Vong. Il sentit leur présence à quelques centaines de mètres derrière la structure du centre de clonage, attendant probablement à l’endroit où le commando aurait dû déboucher en quittant le quartier des voxyns.
Lorsque Anakin et ses compagnons achevèrent leur traversée du roncier, la première équipe s’était déjà mise au travail pour découper les parois de grashal de la matrice. Tenel Ka, Zekk et Alema s’appuyèrent contre le pan de rocher et accompagnèrent sa chute pendant que Ganner se servait de la Force pour le repousser vers l’intérieur.
Une nuée de scarabées en furie jaillit par l’ouverture. Les Jedi, toujours parés de leurs combinaisons au tissage renforcé, firent jouer leurs sabres laser, créant de crépitants éventails de couleurs au fur et à mesure qu’ils détruisaient les insectes. Une grenade explosa à l’intérieur de la matrice, puis une autre et encore une autre, et la tornade de scarabées volants cessa presque immédiatement.
– La voie est libre ! cria Zekk.
Ganner et Jacen se ruèrent à l’intérieur. Jaina empoigna son blaster et courut à leur suite. C’est alors que tous les comlinks des membres de l’équipe émirent un craquement sinistre, bientôt prolongé par un crachotement de parasites. Il y eut une perturbation dans la Force, suffisamment puissante pour leur laisser comprendre que Raynar était mort. Anakin regarda vers le plafond et ne vit rien d’autre, à travers la membrane rapiécée, que l’éclat verdâtre de Myrkr. Il ne saurait jamais ce qui était arrivé.
– Ils le paieront, dit Jaina, détachant ses yeux du plafond. Ils le paieront.
– Et nous aussi, ajouta Anakin. (Les yeux de sa sœur étaient gonflés de fatigue, sa bouche tordue par la tristesse. Elle avait l’air plus frêle et plus inquiète qu’elle ne l’avait jamais été auparavant, selon Anakin.) Nous sommes ici pour détruire la reine. Pas pour nous venger.
– Tu as raison, dit Jaina en s’engageant dans la brèche. La vengeance, ce sera pour plus tard.
Anakin posta Tahiri et Tekli devant l’ouverture, leur confiant au passage le blaster long d’Alema, puis suivit Jaina à l’intérieur de la matrice. Il eut alors l’impression de se retrouver sur Yavin Quatre, en plein orage nocturne. Un épais brouillard flottait dans les hauteurs, quelque part, au-delà de la nuée, des lichens luminescents dessinaient de curieux halos. Ici ou là apparaissaient des rayons de blasters ou des lames de sabres laser, pareils à des éclairs de foudre colorée. L’air humide semblait étouffer tous les cris et les fracas des combats et toute cette aura de mort paraissait soudain plus distante qu’elle ne l’était réellement.
Anakin pivota sur ses talons, juste devant le bloc de grashal écroulé dans l’ouverture, et abattit un scarabée paralysant en plein vol. Il se retrouva face à une véritable jungle de plantes mortelles. Chaque brin torsadé poussait d’un pot de culture rempli d’une boue à l’odeur saumâtre. Les Yuuzhan Vong étaient partout, mais leurs présences étaient trop peu distinctes, trop éparpillées, pour qu’il en sache plus à leur sujet. Deux autres scarabées paralysants fusèrent vers lui, l’obligeant à plonger pour esquiver leur vol. Il échangea son sabre laser contre son puissant blaster et se releva en tirant.
Les rayons l’éblouirent et il ne parvint à deviner qu’une silhouette incertaine, de l’autre côté des alignements de plantes en pots, courant pour se cacher. Le jeune homme contourna les plantations, entendit le sifflement caractéristique d’un sabre laser, puis un autre sifflement caractéristique, celui de Tesar Sebatyne. Le Yuuzhan Vong qui venait de l’attaquer ne lancerait plus de scarabées dans cette vie.
Anakin projeta les ondes de la force et découvrit que le reste de l’équipe était l’objet d’un feu nourri, coincé quelque part dans les ténèbres. La situation serait facile à régler. Il voulut s’emparer d’une de ses grenades incendiaires, mais sentit que Tesar était déjà occupé à faire voler trois objets dans le brouillard obscur qui les entourait.
Une présence Yuuzhan Vong attira l’attention d’Anakin vers l’une des autres jardinières. Roulant hors de sa cachette, il vit une sombre silhouette bondir dans l’allée juste devant lui, bâton Amphi prêt à frapper. Il leva son blaster… et fut projeté en avant lorsqu’un scarabée tranchant, surgissant derrière lui, lacéra son cou en plongeant ses mâchoires vibrantes à travers le tissu renforcé de sa combinaison de protection. L’insecte fit volte-face et fusa, les pinces tendues vers le visage du jeune homme. Celui-ci pivota. L’insecte lui entama la joue. Anakin ouvrit le feu sur sa cible initiale.
Le rayon frappa le Yuuzhan Vong juste à la jointure de l’épaule, le faisant tournoyer sur lui-même. Son bras fut arraché et s’envola au loin dans une odeur de chair carbonisée. Mais le guerrier ne poussa pas le moindre cri. Il se retourna et, de son bras valide, abattit son bâton Amphi.
Le scarabée tranchant qui avait déjà frappé deux fois repassa à l’attaque, fonçant cette fois-ci vers la gorge. Anakin l’esquiva à la dernière seconde. Juste derrière, le sabre laser de Tesar fouetta les ténèbres. Anakin bloqua un insecte d’un revers de son blaster, mais en reçut deux autres au flanc, qui le précipitèrent au sol. Il entendit alors le choc sourd d’un bâton Amphi entrant en contact avec un solide crâne reptilien. Soudain, le flot d’énergie transmit par Tesar fut interrompu et le Barabel sombra dans l’inconscience.
Anakin ouvrit inconsciemment le feu. Il était bien trop occupé à espérer les trois grenades qui n’allaient pas tarder à retomber. Encore combien de secondes ? Le blaster mugit une nouvelle fois et le Yuuzhan Vong qui s’était attaqué à Tesar s’écroula.
Anakin trouva enfin ce qu’il cherchait et poussa les ondes de la Force. Une sensation de danger l’obligea à rouler sur le côté. Un scarabée tranchant s’écrasa contre le sol à l’endroit où se trouvait sa tête une fraction de seconde plus tôt. Il écrasa la créature pour s’assurer qu’elle était bien morte et entendit la détonation caractéristique d’une grenade. Souhaitant être toujours vivant lorsque le vacarme cesserait, il ferma les yeux et se concentra sur son cristal lambent dans l’espoir de repérer le Yuuzhan Vong embusqué.
Ce n’était guère facile. Il y avait beaucoup trop de Yuuzhan Vong en beaucoup trop d’endroits différents. Il sentit quelque chose sur sa gauche, pivota et tira.
L’alarme du blaster, indiquant une surchauffe de la cellule énergétique, retentit suffisamment fort pour être entendue dans le crépitement des coups de feu. La présence Yuuzhan Vong était beaucoup plus proche, à présent. Rengainant le blaster devenu inutile, Anakin décrocha son sabre laser de sa ceinture et en activa la commande d’un revers du pouce. Il leva son arme en diagonale pour faire écran et intercepta un coup de bâton Amphi qui descendait vers sa tête. Les yeux toujours fermés pour ne pas être ébloui par l’incendie provoqué par les grenades, il ramena ses jambes et prit les genoux de son assaillant en ciseaux. L’affrontement fut prestement réglé d’un coup de sabre laser.
La tornade infernale des grenades commença à s’apaiser et Anakin ouvrit les yeux. Il vit les lichens phosphorescents étinceler et les derniers nuages de vapeur se dissiper dans l’air brûlant. Il resta étendu pendant un long moment, évaluant son état de santé, essayant de chasser son angoisse. Il lui fallut l’équivalent de cinq respirations pour établir que la douleur n’était causée que par sa précédente blessure et dix battements de cœur pour en reprendre le contrôle.
Graduellement, Anakin reprit conscience du lien psychique et de la joie croissante éprouvés par le reste du commando. Repoussant son agonie dans les tréfonds de son être, il invoqua la Force pour y puiser l’énergie nécessaire à se remettre sur pied. Les Jedi étaient en train de progresser par le flanc gauche de la matrice, repoussant les derniers guerriers et laborantins Vong, détruisant les plantes nourricières et les cocons de clonage au fur et à mesure de leur avancée. Dans l’enchevêtrement des plantes, il ne parvint pas à discerner ce que ses camarades étaient en train de pourchasser. Mais il sentit une présence près du mur de grashal, piégée juste au niveau du sol. Une présence perturbée, sauvage, féroce. Effrayée.
Derrière Anakin retentit un coup de blaster long. Il sentit une décharge de panique émaner de Tahiri et se tourna pour la voir jaillir par une brèche de la paroi. Une énorme boule de feu surgit à ses trousses et explosa à l’intérieur de la matrice. La jeune femme fut catapultée vers l’avant.
Anakin se lança à sa rescousse. A peine avait-il fait deux pas qu’il la vit se relever.
– Des cracheurs de magma ! Ils ont coupé notre retraite !
Anakin ne prit pas la peine de regarder.
– Et Tekli ?
Tahiri indiqua un point juste derrière lui. Anakin vit la Chadra-Fan occupée à saupoudrer des sels sur la langue fourchue de Tesar. Le Barabel souriait, mais n’avait toujours pas repris conscience.
– Emmenez-le avec vous, partez d’ici ! (Chaque mot semblait lui déchirer les entrailles. Il indiqua le reste du groupe.) Il va falloir que vous perciez une autre porte de sortie.
– Et toi ? dit Tahiri. Je ne vais pas…
– Exécution ! aboya Anakin. (Il vit le visage de son amie se décomposer et il ajouta, plus gentiment :) Il faut… que tu aides Tekli. Je vous rejoindrai.
– Oui, Tahiri, déclara Tekli. (Elle adressa un regard entendu à Anakin, puis s’agenouilla près de Tesar et commença à le gifler.) Tesar ne revient pas à lui. Je ne peux pas le déplacer et le soigner en même temps.
Tahiri les observa d’un air dubitatif. Elle ne pouvait pas cependant leur refuser son aide. Elle ravala ses larmes et se pencha pour embrasser Anakin sur les lèvres. Elle se ravisa, s’écarta et secoua la tête.
– Non. Pour ça, il faudra que tu nous rejoignes.
Anakin lui adressa l’un de ses sourires en coin dont il avait le secret.
– Ce ne sera pas long.
– C’est cela, ce ne sera pas long, répéta Tahiri. Que la Force soit avec toi.
Elle avait terminé sa phrase presque en chuchotant et Anakin se demanda si elle avait dit cela dans l’intention qu’il l’entende. Bien trop conscient de la faiblesse croissante de ses jambes, il s’approcha de la brèche et jeta un coup d’œil à l’extérieur. Des batteries d’artillerie avaient été installées au-delà du roncier et quatre cracheurs de magma étaient à présent braqués sur la matrice. Personne ne semblait vouloir attaquer, ce qui signifiait que la principale intervention aurait lieu par le versant opposé. Anakin se tourna en direction de l’entrée principale et se concentra sur les informations que lui relayait le cristal lambent. Il ne fut pas surpris de détecter une importante présence Yuuzhan Vong sur les lieux présumés de l’embuscade.
Il se mit en route, essayant de courir, lentement, péniblement. Par deux fois, ses jambes défaillirent et il dut mettre un genou à terre. La seconde fois, il dut simultanément repousser les assauts d’un Yuuzhan Vong au regard vitreux, bien plus entraîné au combat au corps à corps que lui. Il remporta la victoire en fracassant l’une des jardinières, se servant de la Force pour se soulever dans les airs pendant que le torrent de boue nutritive balayait son adversaire. Il ne faillit en revanche pas survivre à l’affrontement suivant. Un bâton Amphi s’abattit sur sa blessure et fit sauter une partie des sutures. Sa vie ne fut sauvée que lorsqu’il se servit de la Force pour projeter violemment son blaster contre le front tatoué de son agresseur.
Ramassant son arme et essayant de se relever, Anakin se mit à vomir du sang. Avant même de s’essuyer la bouche, il invoqua de nouveau la Force pour se redresser dans l’espoir de se remettre à courir. Il fallait qu’il atteigne la porte principale avant la section d’assaut ennemie. Enfin, il dépassa la dernière jardinière et aperçut la membrane du portail à vingt mètres sur sa gauche. L’ouverture était aussi large qu’une Aile-X et deux fois plus haute. Le coin le plus éloigné de la membrane se souleva légèrement. Anakin se cacha le long d’une jardinière. De sa main libre, il décrocha un détonateur thermique de son harnais d’équipement.
Lorsqu’il vit la silhouette qui venait de pénétrer à l’intérieur de la matrice, le jeune homme faillit en lâcher son projectile. Le nouveau venu lui tournait le dos, il portait une combinaison renforcée en piteux état et devait bien dépasser d’une tête la plupart des êtres humains. Il se mit aussitôt en route vers les enclos à voxyns.
– Lowie ? appela Anakin, se servant de la Force pour que sa voix, très faible, atteigne l’individu.
Le jeune homme projeta une onde, mais perçut la même présence Yuuzhan Vong qu’auparavant. Le nouveau venu se retourna et révéla un profil presque humain, agrémenté de longs cheveux couleur de sable. Il leva un vieux fusil blaster E-11.
Anakin se cacha à nouveau derrière une jardinière et activa son comlink.
– Attention, des imposteurs Vong ont infiltré le complexe, lança-t-il. L’un d’entre eux se dirige vers les enclos.
Une tempête de feu blaster se déclencha dans un vacarme assourdissant. Elle fut accompagnée, dans le lien psychique, d’un sentiment de frustration de la part des Jedi. Les angles de tir étaient tous obstrués. Quelque part, une grenade retentit et Jaina cria un ordre de charge.
La porte membrane s’enroula vers le haut, révélant quarante paires de pieds Yuuzhan Vong attendant de se précipiter à l’intérieur. Anakin s’ouvrit complètement à la Force. Il l’attira à lui par le seul pouvoir de ses émotions. Il ne se servit pas de la colère ou de la peur, comme le ferait un Jedi Noir, mais plutôt de l’amour qu’il éprouvait pour sa famille et ses camarades Chevaliers, de la foi qu’il nourrissait pour l’Ordre Jedi et de sa confiance en des jours meilleurs. La Force afflua de toute part, emplissant son être, saturant et dévorant son corps d’un maelström de puissance et de détermination. Il n’y avait pas de raison d’avoir peur, pas de raison de pleurer. Il la sentait couler en lui tout en se sentant lui-même couler en elle. Anakin était la Force et la Force était Anakin.
Le jeune homme se releva. Son corps semblait émettre une faible aura lumineuse – le dernier éclat de ses cellules en train de se consumer – dans l’air qui crépitait tout autour de lui. Sa blessure ne lui faisait plus mal. Il était à présent complètement au fait de tout ce qui se passait dans l’enceinte de grashal : l’odeur moisie des scarabées paralysants en plein vol, la chaleur étouffante montant des jardinières, le souffle court de ses compagnons Jedi et l’acharnement des Yuuzhan Vong. Leur présence était maintenant aussi distincte que celle de ses camarades, comme si la Force s’était soudainement propagée afin d’y inclure aussi les ennemis du commando.
Ouvrant le feu tout en courant, Anakin s’élança contre la porte en train de s’ouvrir. Chaque rayon alla frapper, un à un, les pieds des guerriers Yuuzhan Vong. Des grondements étouffés s’élevèrent de derrière la membrane. Sous l’ouverture, une demi-douzaine de guerriers se jetèrent à terre et se laissèrent rouler à l’intérieur de la matrice. Il les abattit avant qu’ils n’aient le temps de se relever. Atteignant enfin le portail, Anakin aplatit sa main sur la zone sensible d’activation et la membrane commença à se refermer.
– Bave de Hutt ! cria Jaina dans le comlink. Elle s’échappe !
Anakin venait également de le sentir. La reine avait réussi à se glisser dans les sous-sols pour fuir le commando. Il activa son propre comlink.
– L’imposteur a dû ouvrir une brèche pour elle ! (Parler ne lui faisait plus mal. Son aura, de faible, avait considérablement gagné en éclat. Ses cellules le brûlaient, comme rongées par le feu.) Jacen, prends le commandement. Emmène tout le monde avec toi et rattrapez la reine !
La surprise de Jaina de ne pas entendre son nom se répercuta dans la Force comme un cri à la surface de l’eau. Elle ravala ses rancœurs et demanda :
– T’es coincé, frérot ?
– Le passage sera bientôt dégagé.
Anakin, d’un coup de sabre laser, défonça la plaque de commande de la membrane et contourna ensuite l’enclos à voxyns à présent vide. Il perçut des Yuuzhan Vong devant lui, cachés entre les rangées de jardinières, confortés à l’idée que leurs renforts allaient bientôt arriver. Cet optimiste changea brusquement quelques instants plus tard lorsque Anakin commença à arroser leurs flancs de rayons de son blaster. Son angle de tir n’était pas des plus pratiques pour les toucher en pleine tête et ses rayons étaient trop faibles pour pénétrer leurs armures de crabe vonduun. Mais le temps que les Yuuzhan Vong s’en aperçoivent, le Jedi leur aurait déjà réglé leur compte.
Une boule de plasma rugit à travers le portail de grashal et enflamma les plants de lianes nourricières sur une longueur de vingt mètres. Anakin fit volte-face et chargea à nouveau vers la porte membrane, à présent fondue. De petites décharges électriques dansaient maintenant sur ses bras et ses jambes. La Force était en train d’investir son corps en entier, le consumant un peu plus à chaque seconde qui s’écoulait. Il était à présent complètement investi par le Côté de la Lumière. Son corps meurtri ne résisterait plus longtemps. L’énergie était à présent en train de s’échapper, détruisant une enveloppe beaucoup trop faible pour la contenir.
Des Yuuzhan Vong aux pieds intacts surgirent par l’ouverture par rangées de cinq. Il abattit le premier rang à une distance de quinze mètres, son pistolet blaster mugissant deux fois entre chaque foulée ennemie, chaque rayon transperçant un visage ou une gorge. Le canon volcan mugit à nouveau. Une sphère de feu immaculé, semblant surgir de nulle part, explosa juste devant lui. Anakin plongea, roula vers le mur, heurta la paroi avec ses bottes et rebondit en un saut périlleux arrière. Il se rétablit à une dizaine de mètres de la boule de feu.
– Anakin !
Les pleurs de Jaina ressemblèrent à un cri.
File ! lui ordonna-t-il mentalement dans la Force. La reine va s’échapper !
Le blaster cracha à nouveau dans la main d’Anakin, abattant des guerriers Yuuzhan Vong aussi vite que le jeune homme pouvait appuyer sur sa gâchette. D’autres soldats firent irruption. Un scarabée tranchant se ficha dans son épaule dénudée. Sa combinaison, en partie désintégrée par les décharges de Force qui émanaient de ses membres, ne le protégeait plus. Il accompagna l’impact de l’insecte et pivota sur lui-même avant de faire feu à nouveau. L’alarme de surchauffe retentit encore une fois. Les Yuuzhan Vong lancèrent sur lui des volées de scarabées, tout en chargeant. Certains déroulèrent leurs bâtons Amphi accrochés autour de leurs tailles.
Anakin lança son pistolet blaster vers le premier et l’assomma. Il bondit par-dessus le deuxième, activant son sabre laser en plein vol. Il atterrit juste en face de l’entrée et se lança dans une danse d’attaques et de parades, alternant un blocage toutes les deux attaques, frappant de façon mortelle à chaque coup. Son aura était à présent si vive que les ombres de ses adversaires se projetaient au loin sur les murs. Il fit fouetter sa lame de droite à gauche, para une attaque, trancha deux gorges et sonna un autre guerrier d’un coup de pied en revers à la tête.
D’autres se jetèrent sur lui, l’assaillant de trois directions à la fois. Il sentit les crocs d’un bâton Amphi lui labourer les chairs. La Force brûla le venin dans son système avant même qu’il ne s’en aperçoive. Ces nouvelles blessures lui causeraient moins de tort que celle qu’il avait à l’abdomen. Mais une douzaine d’autres guerriers étaient en train d’accourir. Il ne pourrait plus les retenir longtemps. Il en tua un autre, puis un autre, et reçut un coup critique à la cuisse, l’obligeant ainsi à perdre du terrain face à ses adversaires. Les Yuuzhan Vong s’élancèrent et tentèrent de le contourner par la droite.
Le blaster long mugit depuis l’autre côté de l’enclos à voxyns. L’arme perça un trou de la taille d’une tête humaine dans la poitrine d’un Yuuzhan Vong et un second trou, de la taille d’un poing, dans le guerrier qui se trouvait juste derrière. Anakin se lança dans une pirouette arrière et retomba cinq mètres plus loin. Son aura crépitait de plus belle, au fur et à mesure que toutes les cellules de son corps explosaient. Il risqua un coup d’oeil par-dessus son épaule et aperçut Jaina, en bordure de l’enclos, des larmes coulant sur ses joues, le blaster long calé au creux de son épaule. Jacen se trouvait juste à côté d’elle, pleurant lui aussi, essayant de tirer sa sœur jumelle par le bras.
Filez ! leur dit Anakin. Je ne peux plus les retenir.
Les Yuuzhan Vong chargèrent encore et Jaina ouvrit de nouveau le feu. Un autre guerrier s’écroula, mais les autres continuèrent d’avancer. Anakin fit un autre bond de cinq mètres en arrière et sentit quelqu’un – certainement un ennemi – tenter de se glisser le long de la paroi de grashal. Il recula jusqu’à être en mesure d’identifier la silhouette. C’était l’imposteur qui, se faisant passer pour un Jedi, était en train de pousser un imposant conteneur de cargo afin de boucher la brèche par laquelle les Jedi comptaient s’échapper.
Mais un guerrier le rattrapa et Anakin fut obligé de se défendre. Sa lame violette darda d’avant en arrière, bloquant, parant, esquivant coup après coup. Découvrant une faille dans la défense de son adversaire, Anakin lança ses deux pieds et planta ses talons au centre de la poitrine du Yuuzhan Vong. Le sabre laser trancha deux fois, décapitant au passage les deux guerriers Yuuzhan Vong se trouvant à proximité. Le jeune homme poussa sur ses pieds et battit en retraite en exécutant un enchaînement de pirouettes assisté par la Force.
Il continua ainsi jusqu’à découvrir l’endroit d’où provenait l’imposteur. Il s’agissait d’une zone technique se trouvant près de l’enclos de la reine. Des douzaines de lianes étaient étalées en travers d’un plan de travail, toutes terminées par des petits cocons de clonage. Certains étaient ouverts, d’autres fermés. L’endroit ressemblait à une station où pouvaient être transférés les tissus vivants.
C’était probablement ce que l’imposteur était en train de transporter. Un conteneur plein à ras bord de tissus voxyns. De quoi créer un million d’autres clones de la reine. L’aura d’Anakin crépita et se réduisit un petit peu. Elle crépita de nouveau et faiblit encore sous le coup de la réaction en chaîne résultant de la détérioration des cellules. Le cycle se fit de plus en plus rapide, au fur et à mesure que tombaient les dernières barrières de son corps capables de contenir l’énergie. Anakin ne se sentit pas partir. Il eut plutôt l’impression qu’il était en train de se fondre dans la Force. Il décrocha son dernier détonateur thermique de son harnais et appuya trois fois sur le minuteur.
Filez maintenant !
– Non, Anakin, je ne peux pas ! cria Jaina dans son communicateur.
Anakin leva le détonateur au-dessus de sa tête pour que son frère et sa sœur puissent le voir. Trente secondes. Il lâcha le bouton. Emmène-la, Jacen. Et embrasse Tahiri de ma part.
Les guerriers chargèrent à nouveau. Anakin lança son détonateur vers la paroi de grashal. Il n’eut pas conscience qu’il se servait de la Force pour guider son projectile, mais celui-ci heurta l’imposteur en pleine tête.
Anakin fut trop occupé à se défendre pour voir ce qui se produisit au cours des secondes suivantes. Lorsqu’il parvint enfin à échapper à ses attaquants, se contentant de reculer, trop faible pour exécuter une nouvelle série de pirouettes, il aperçut l’imposteur en train de se relever, se frottant la tête et cherchant ce qui avait bien pu le frapper. Et même à trente mètres de distance, son nez fracturé et son orbite balafrée révélèrent clairement son identité. Nom Anor.
Le regard de l’Exécuteur se posa enfin sur la petite sphère métallisée. Il écarquilla son seul œil valide, au point que celui-ci atteignit presque la taille de la bille de plaeryin qui remplaçait son globe oculaire manquant. Il se pencha pour la ramasser.
Anakin invoqua la Force pour repousser la sphère. C’est alors qu’il prit un coup de bâton Amphi dans les flancs. Il s’écroula en lâchant son sabre laser. Son aura n’était plus qu’un faible scintillement, n’apparaissant que par intermittences. Le maelström qui l’avait jusqu’alors animé était en train de l’abandonner pour se fondre à nouveau dans la Force.
Nom Anor courut jusqu’au détonateur. Anakin attendit. Il attendit que l’Exécuteur l’ait presque rejoint. Puis le jeune homme utilisa une dernière fois la Force et fit rouler la sphère jusqu’au conteneur.
Il n’entendit pas le juron qui résulta de son action, pas plus qu’il ne vit Nom Anor détaler à toutes jambes.
Lorsque l’explosion se produisit, Anakin n’était plus.